Les panneaux solaires agrivoltaïque peuvent-ils abîmer les sols agricoles ?
- Agrivoltaïsme Sud-Ouest
- il y a 3 jours
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L’agrivoltaïsme est en plein essor. Il séduit de nombreux agriculteurs qui cherchent à diversifier leurs revenus, protéger leurs cultures ou améliorer leur autonomie énergétique. Mais une question revient souvent : les panneaux solaires agrivoltaïques peuvent-ils abîmer les sols agricoles ? Cette inquiétude est légitime, car la préservation de la qualité des sols est un enjeu central pour toute activité agricole durable. Dans cet article, nous faisons le point sur l’impact réel de l’agrivoltaïsme sur les sols, les risques à anticiper, et les bonnes pratiques pour préserver la fertilité des terres.

L’agrivoltaïsme, c’est quoi exactement ?
L’agrivoltaïsme (ou agrovoltaïsme) consiste à installer des panneaux photovoltaïques sur des terres agricoles, tout en maintenant une activité agricole significative : cultures, élevage, pâturage ou maraîchage. Il s’agit donc d’un usage mixte de la parcelle : production agricole + production d’énergie solaire.
Pour que le projet soit reconnu légalement comme « agrivoltaïque » (et non comme une centrale au sol classique), il doit respecter plusieurs critères définis par le décret n°2024-318 du 8 avril 2024, notamment :
Maintien d’une activité agricole productive
Preuve que les panneaux rendent un service direct à l’agriculture
Limitation de l’impact sur les sols et la biodiversité
Les panneaux solaires peuvent-ils abîmer les sols ? Réponse : oui, mais pas s’ils sont bien installés
Ce qu’on craint :
Compactage des sols : si les engins de chantier circulent mal ou si les fondations sont mal choisies, le sol peut se tasser, ce qui réduit la circulation de l’air et de l’eau.
Imperméabilisation partielle : certaines installations trop denses ou mal drainées peuvent nuire à l’absorption de l’eau.
Appauvrissement biologique : un ombrage trop important peut limiter la photosynthèse et la vie microbienne du sol.
Ce que dit la science :
Des études récentes (INRAE, ADEME) montrent que les impacts négatifs sur les sols sont largement évitables, à condition de bien concevoir le projet et de respecter des principes de bon sens agro-environnemental.

Bonnes pratiques pour protéger les sols dans un projet agrivoltaïque
Les structures les plus respectueuses des sols sont celles sans dalle béton, utilisant des pieux métalliques vissés ou enfoncés mécaniquement, sans excavation profonde. Cela permet de limiter l’artificialisation et de revenir à un usage agricole classique si besoin.
2. Limiter le compactage pendant les travaux
Le chantier d’installation doit être planifié en période sèche et avec des véhicules adaptés pour ne pas tasser les terres. Des chemins de chantier temporairement protégés peuvent être utilisés.
3. Maintenir une couverture végétale
Sous les panneaux, il est essentiel de maintenir un couvert végétal vivant (herbe, luzerne, trèfle…) pour préserver la structure du sol, limiter l’érosion et favoriser la biodiversité souterraine.
4. Adapter l’espacement et l’inclinaison des panneaux
Des panneaux trop bas ou trop serrés empêchent la lumière d’atteindre le sol. Il faut les adapter aux besoins des cultures ou des animaux, en assurant un ombrage partiel, pas permanent.
5. Assurer un suivi agronomique régulier
Un projet agrivoltaïque bien conçu inclut un suivi du sol (matière organique, porosité, activité biologique) pour s’assurer que l’installation ne nuit pas à la fertilité. Ce suivi est souvent obligatoire dans les projets labellisés.
Et si l’agrivoltaïsme pouvait… améliorer les sols ?
Dans certains cas, l’agrivoltaïsme peut même avoir un effet bénéfique sur la qualité des sols :
Réduction de l’érosion liée au vent ou à la pluie
Maintien d’un taux d’humidité plus élevé sous les panneaux
Création de microclimats favorables à la vie biologique
Réduction du stress thermique et hydrique des plantes
Des retours d’expérience sur des élevages en pâturage sous panneaux montrent une meilleure repousse des prairies et une réduction de l’évaporation, ce qui limite les besoins en irrigation.
Oui, les panneaux solaires agrivoltaïques peuvent abîmer les sols… s’ils sont mal installés.Mais avec une conception bien pensée, des ancrages légers, un espacement adapté, une gestion agronomique rigoureuse et une couverture végétale permanente, l’impact est non seulement maîtrisable, mais parfois positif.
L’agrivoltaïsme ne doit pas être une menace pour les terres agricoles, mais un outil de résilience agroécologique, à condition de respecter les sols et de penser le projet avec et pour l’agriculture.
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