Agrivoltaïsme et souveraineté alimentaire : solution miracle ou fausse bonne idée ?
- Agrivoltaïsme Sud-Ouest
- 30 juin
- 2 min de lecture
Un dilemme de notre temps
Alors que la France cherche à concilier transition énergétique et indépendance alimentaire, l’agrivoltaïsme est présenté comme un « double dividende » : produire de l’énergie et protéger les cultures. Mais derrière cette promesse, certains alertent sur un risque de perte de foncier agricole, voire de greenwashing énergétique. Alors, allié ou ennemi de la souveraineté alimentaire ? Tentons d’y voir clair.

Depuis la guerre en Ukraine et la crise climatique persistante, la souveraineté alimentaire est redevenue une priorité en France.
Définition : capacité d’un pays à produire localement une alimentation saine, accessible et durable, sans dépendre excessivement des importations.
Le gouvernement a lancé plusieurs plans pour relocaliser la production, favoriser les circuits courts et protéger les terres agricoles.
Problème : la France perd 50 000 ha de terres agricoles par an, en partie à cause de l'artificialisation.
2. L’agrivoltaïsme : une solution double ?
L’agrivoltaïsme consiste à installer des panneaux photovoltaïques sur des parcelles agricoles sans exclure la production agricole.
Objectif : produire de l’électricité tout en maintenant ou en améliorant les rendements.
Avantage : ombrage protecteur contre la sécheresse, revenu complémentaire pour les exploitants.
Cadre légal renforcé depuis 2023 (loi d’accélération des ENR), avec des critères stricts sur le maintien de l’activité agricole.
Pour les défenseurs : un outil de résilience climatique et économique.

3. Les critiques : accaparement des terres et production à deux vitesses
De plus en plus de voix s’élèvent contre certains projets d’agrivoltaïsme jugés « déguisés ».
De grandes entreprises louent des terrains à des agriculteurs en minimisant la production agricole pour maximiser la rentabilité électrique.
Des exploitants signalent que certains projets réduisent leur surface utile ou contraignent fortement leur travail.
D’après la Confédération Paysanne, on assiste parfois à une forme de "photovoltaïc colonialism", où les petits producteurs deviennent sous-traitants de groupes d’énergie.
Risque : produire de l’électricité pour les métropoles au détriment de la production alimentaire locale.
4. Quels garde-fous pour concilier les deux ?
Plusieurs propositions émergent pour éviter une dérive énergétique :
Conditionner les aides à une production agricole mesurable et maintenue sur au moins 90% de la surface.
Imposer une gouvernance locale des projets (coopératives, SEM, etc.).
Prioriser les projets sur des cultures adaptées (fourrages, petits fruits, élevage extensif).
Étendre le label "agrivoltaïsme durable" actuellement en expérimentation dans certaines régions.
Objectif : éviter que l’agrivoltaïsme ne devienne une autre forme d’artificialisation ou de financiarisation des campagnes.
Quelle vision pour la France de demain ?
À l’heure où l’Union européenne discute de la réforme de la PAC post-2027, la France devra choisir entre :
une stratégie techno-solutionniste, favorisant les grandes installations pilotées par les énergéticiens,
ou un modèle agroécologique, où l’énergie reste un outil au service du vivant, pas l’inverse.
Une question de cadre, pas de technologie
L’agrivoltaïsme n’est ni un miracle, ni une trahison, mais un outil.Sa compatibilité avec la souveraineté alimentaire dépendra moins des panneaux que des choix politiques, sociaux et économiques faits autour d’eux.
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